Malgré son existence éphémère, la Collins Line a énormément marqué l’histoire des paquebots au milieu du XIXème siècle. La Dramatic Line avait été créée par Edward Knight Collins dans les années 30. Il convertit sa flotte, composée à l’origine de voiliers, en navires à vapeur après avoir obtenu une concession des postes américaines entre New York et Liverpool.
A la différence de Samuel Cunard, plus attaché à la fiabilité et à la sécurité sans ostentation, Collins avait pris le parti délibéré de la magnificence. C’est véritablement lui qui a lancé le style luxueux dans les paquebots, tant au niveau des emménagements que de la cuisine, que l’on retrouvera dans les palaces flottants du XXème siècle. C’est également lui qui innove en installant pour la première fois, sur l’Atlantic, en 1848, une chambre froide permettant la conservation des aliments. La réfrigération ne se généralisera que dans les années 1880 ; pourtant, il est facile d’imaginer dans quelles conditions s’effectuait une traversée transatlantique jusqu’à cette date, avec le bétail sur le pont, que l’on tuait au fur et à mesure des besoins, en même temps que l’on devait conserver suffisamment de poules et de vaches pour les oeufs et le lait…
Collins, en commandant ses nouveaux vapeurs, avait également mis l’accent sur la vitesse, qui lui a permis de remporter le Ruban Bleu à deux reprises, en 1848 avec I’Atlantic et en 1851 avec le Pacific.
Grâce à leur vitesse et à la qualité des prestations fournies, les navires de la Collins Line connaissent un succès commercial certain. Ce succès ne se traduit pas pour autant en termes de rentabilité, et la compagnie se révèle rapidement déficitaire. Deux évènements dramatiques vont précipiter sa chute. En septembre 1854, l’Arctic fait naufrage au large de Terre-Neuve à la suite d’un abordage avec le Vesta, petit vapeur français au tonnage dix fois inférieur. Entre 280 et 360 personnes périssent, dont l’épouse et les deux enfants de Collins, ainsi que cinq personnes de la famille de son associé.
En juin 1856, c’est le Pacific, qui parti de Liverpool pour rallier New York, qui est perdu corps et biens, emportant avec lui ses 45 passagers et ses 141 membres d’équipage.
Ces deux catastrophes joueront un grand rôle en faveur de l’avènement de la coque en métal. En effet, les quatre navires commandés par Collins étaient de conception traditionnelle, avec des roues à aubes et une coque en bois. Or, le petit Vesta, qui était doté d’une coque en fer, avait réussi à se dégager et à gagner un port canadien. Quant au Pacific, son épave sera retrouvée en mer d’Irlande en 1986, cent trente ans après le naufrage. Jusqu’alors, on pensait qu’il avait été victime d’une collision avec un iceberg, choc dont il s’était sorti sans perte humaine, tandis qu’à la même période, le Persia de la Cunard Line, qui avait une coque en fer, gagnait le ruban bleu en 1856.
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